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Un officier français qualifie l’Opération Turquoise de « très offensive contre le FPR »

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 Un officier français qualifie l’Opération Turquoise de « très offensive contre le FPR »

Le rôle controversé de la France dans le génocide des Tutsi est souvent évoqué, ce que la France a toujours nié. La France qui a longtemps soutenu le régime de Juvénal Habyarimana est de nouveau accusée de « participation directe» avant, pendant et après le génocide.

Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques en novembre 2006 suite aux mandats d’arrêt lancés par le juge français Jean Louis Bruguière à l’encontre de certaines autorités militaires rwandaises accusées [par ce juge] d’avoir planifié l’attentat contre l’avion de l’ancien président rwandais.  A Kigali cette accusation a été considéré comme un geste de la France pour occulter son rôle dans le génocide des Tutsi en 1994 d’où l’initiative de rompre les relations diplomatiques qui seront reprises fin 2009.

Dans les nouvelles révélations diffusées par « Jeune Afrique », Guillaume Ancel, 48 ans, à  l’époque capitaine de l’armée française, 68è régiment de l’artillerie d’Afrique qui faisait partie du contingent français de l’Opération Turquoise », affirme que cette opération militaire « était offensive avant d’être humanitaire ».

Guillaume Ancel, chevalier de la Légion d’honneur et décoré à titre militaire en opérations vient de mettre de la lumière sur la nature de cette opération turquoise, longtemps qualifiée d’exclusivement humanitaire, lancée le 23 juin 1994 après l’adoption de la résolution 929 du Conseil de sécurité. Il affirme que cette opération était d’abord « très offensive contre les rebelles du FPR » au lieu de protéger et de sauver les civils innocents rwandais, des Tutsis qui étaient entrain d’être exterminés.

Guillaume Ancel ne fait que relater une histoire vécu

«Personnellement, je ne fais que relater ce que j’ai vécu à l’époque. Si cela ne colle pas avec leur version, cela pose un problème. Ils ont construit une histoire mythique de l’opération Turquoise qui ne correspond pas à la réalité. Or si l’on veut éviter qu’une telle chose se reproduise, il faut mettre les cartes sur la table, pas les dissimuler sous le tapis ».

Ancel révèle que sa mission dans cette opération était claire, «  préparer un raid terrestre sur Kigali », alors passée en quasi-totalité sous le contrôle du FPR. Il était au Rwanda « pour les frappes aériennes et s’assurer qu’un raid puisse aller vite ». L’on entend que c’était les troupes du FPR qui étaient visées pour stopper leur avancée et éviter que tout le pays ne tombe pas dans les mains de l’ennemi, le FPR. Il ajoute qu’ils devraient dégager avec des frappes aériennes tout ce qui pourrait s’opposer à leur progression. « Dans les 8 jours qui ont suivi, j’ai reçu un autre ordre, on est déjà entre le 29 juin et le 1er juillet, qui était d’arrêter par la force l’avancée des soldats du FPR » a-t-il élucidé.

Voilà alors toute une mission qui ne sauve pas les Tutsis comme en témoigne les rescapés de Bisesero. « Au début, nous croyons que les Français venaient pour nous sauver, mais après ils nous ont laissés à la merci des Interahamwe et des soldats des Ex-FAR, armés de machettes, fusils d’assaut et des grenades », déclare Samuel Musabyimana, réscapé de Bisesero. Plus de 50 milles Tutsis furent massacrés à Bisesero après trois mois de combat inégal sans secours.

Opération Turquoise: Stopper l’avancée du FPR , appuyer et préparer la déroute des FAR

Selon ce soldat français, l’objectif « humanitaire » officiellement affiché par Paris se confond avec un autre, beaucoup moins avouable : celui de freiner ou de stopper l’avancée militaire du Front patriotique rwandais (FPR), tout en ménageant les forces gouvernementales (FAR) génocidaires.

Malheureusement, l’armée de Habyarimana battait toujours en retraite, il fallait préparer leur fuite et permettre la réorganisation.  Là aussi, Guillaume explique bien le déroulement des faits. « Vers mi-juillet, on a rendu à ce qui restait des forces armées rwandaises les dizaines de milliers d’armes….On a transformé ce qui était des camps de réfugiés, pour moi, en bases militaires arrière d’un gouvernement que nous ne voulions pourtant plus soutenir ». Il ajoute qu’en leur livrant des dizaines de milliers d’armes, « nous avons transformé les camps de réfugiés du Zaïre en base militaire ». Le soutien matériel et technique ne suffisait pas pour que les FAR restent unies, il fallait aussi donner de l’argent. « La France a payé aux miliciens présents dans les camps une solde en dollars pour éviter que cette armée ne parte en délitement complet ».

«Les faits sont têtus », dit Kagame

Les gens croyaient qu’avec la détente enclenchée avec Sarkozy et Kagame, les choses allaient bien évoluer. Mais au contraire, à la veille de la commémoration du 20e anniversaire du Génocide contre les Tutsis, la France a annulée la participation de sa ministre de justice aux cérémonies suite aux déclarations du président rwandais dans l’hebdomadaire Jeune Afrique. Le Rwanda à son tour a annulée l’accréditation de l’Ambassadeur de France qui devait y participer. Lors de son discours le sept avril, Kagame ne cache pas ses sentiments. « Aucun pays, puissant soit-il, ne peut pas changer les faits », a-t-il déclaré en anglais, faisant allusion à la France. «Après tout les faits sont têtus», a-t-il opportunément ajouté en français.

L’ONU ressent la « honte » de n’avoir pas pu empêcher le génocide

Dans son discours au Stade de Kigali lors de la commémoration du génocide, Ban Ki-moon, Secrétaire Général de l’ONU ressent toujours la «honte» sur l’inaction de son organisation. «Nous aurions pu faire beaucoup plus. Nous aurions dû faire beaucoup plus. Les Casques bleus ont été retirés du Rwanda au moment où l’on en avait le plus besoin».

La France refuse toujours de porter cette responsabilité

Manuel Valls, nouveau Premier Ministre français, rejette les accusations de Kigali selon lesquelles son pays a joué « un rôle direct dans la préparation du génocide et participé à son exécution même». « Je n’accepte pas les accusations indignes qui pourraient laisser penser que la France ait pu être complice d’un génocide au Rwanda alors que son honneur c’est toujours de séparer les belligérants”, a déclaré Manuel Valls dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale mardi 08 avril.


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